Re(a)d-y to die (Odessa, Varsovie)

Ils sont soignés, les runes ont fonctionné. Plus personne n’est en danger de mort imminent, même s’ils sont tous condamnés. Ils vont se battre, après tout c’est pour ça qu’on les a formés… Mais l’issue est sombre. Trop de gens vont mourir ce soir. Mais Varsovie n’a plus mal, elle n’a plus peur. Pour la première fois de sa vie, elle est vide. Complètement vide. Elle a l’impression que toutes les émotions du monde ne suffiraient pas à combler ce vide immense. Et il y a un fil au-dessus de ce vide, sur lequel elle doit avancer. Un pas après l’autre.

Le premier pas sera pour les slaves. Mais elle ne va pas vers Mendeleïev. Si elle le rejoint maintenant, il va comprendre et l’obliger par un quelconque moyen de rester là où elle serait en sécurité. Comme il l’avait déjà fait, encore, et encore. Alors elle va vers les deux seuls slaves qui comptent encore. Minsk et Odessa. Ils vont bientôt partir, ils vont bientôt se séparer. Varsovie sait ce que cela veut dire. Elle s’approche doucement, regarde Minsk glisser les chocogrenouilles à Odessa. Le club goûter avant tout.



Ça ressemble trop à des au-revoir, mais elle n’est pas prête. Elle a l’impression de ne pas avoir assez profité d’eux. De jouer de la musique avec Odessa. De brûler des cartes de chocogrenouilles avec Minsk. De faire des goûters gargantuesques tous les trois. Putain, elle aurait mieux fait de sécher tous les cours si elle avait su. Elle prend une grande inspiration, essaie de chasser cette boule dans la gorge. « Promettez-moi de tout faire pour vous en sortir. Vos vies sont trop précieuses. »  



Elle se jette dans les bras d’Odessa. Elle a besoin de son frère et de sa sœur slaves pour retrouver du courage, de la motivation, de l’amour. Elle avait été si belle leur dynamique à trois, pendant ces quelques semaines. « Merci pour tout. Honnêtement, vous êtes la plus belle chose qui me soit arrivée en vingt-quatre ans. » Ses premiers vrais amis. Ses seuls amis, avec Zaniah. Elle se nourrit littéralement de leur énergie, et petit à petit le vide s’éloigne. Même si la destination ne change pas.

Putain ça fait du bien le câlin d’Odessa. Ses bras autour d’elle, c’est rassurant. Franchement, il est doué en câlin, y en a un qui doit être bien content. Mais ça la fait encore plus pleurer de l’entendre parler. Il a compris et c’est l’essentiel. Elle essaie de se nourrir de son optimisme, de ses mots, de sa force. C’est un vrai frère Odessa. Pas comme Minsk. Sérieux, elle a mal choisi sa meilleure pote. Jana l’aurait pas frappée. Belgrade l’aurait juste regardée avec dédain. Même Ielets aurait peut-être eu un regard compatissant. Pas une énorme patate qui vient éclater son nez. Ça fait mal. Au nez, à la main, avec ses mots assassins. Mais elle a raison, Minsk. Il faut au moins ça. Varsovie a un peu peur quand même quand elle voit le regard noir de sa meilleure amie à quelques centimètres du sien.

Lancer de dé :

Elle a du sang plein le visage mais elle s’en fout, elle veut juste prendre Minsk dans ses bras. Pour la première et la dernière fois, parce que pas sûr que l’autre slave la laisse s’en sortir après cette intrusion dans son espace vital. Mais Varsovie s’en fiche, elle voulait tester au moins une fois. Bon, la note en câlin est bien moins bonne que celle d’Odessa, faut l’avouer. « Merci. » qu’elle murmure. Bah ouais, se faire casser le nez faut avouer ça remet les idées en place. Ou pas, mais il faut faire croire que si.

Elle récupère quand même une chocogrenouille, c’est que la brune lui en veut pas trop. Cool, club goûter jusqu’au bout. Elle la savourera la dernière, pas comme d’habitude où elle les mange en deux-deux. « Bon on peut p’t’être aller dans la rune de soin maintenant ? Ça pique quand même. » Ouais ça pique grave puis c’est pas facile pour respirer. Puis Mendeleïev va pas être content s’il voit tout ce sang et Varsovie veut pas que ça retombe sur Minsk. C’est sa faute après tout.

Elle envie de retourner dans les bras d’Odessa maintenant, franchement elle va se remettre à pleurer s’il continue. Mais bon, elle veut pas le salir avec son sang donc le dernier câlin ça attendra un peu.



Et puis ça repart sur l’Internationale. Ils vont l’avoir leur révolution finalement. Elle chante avec eux, pour une fois. Pour la dernière fois. Elle aurait préféré chanter en ukrainien, parce que c’est comme ça qu’elle l’avait apprise, mais bon c’est pas très sympa pour Minsk. Après est-ce qu’elle mérite qu’on soit sympa avec elle..? Oui, Varsovie répond toujours oui. Ils sont mignons ces communistes quand même, malgré leurs adieux plutôt bizarres.



Quand ils se dirigent tous vers le cercle runique, ils passent devant Mendeleïev qui les regarde sévèrement. Varsovie lui adresse un sourire avec un clin d’œil, signifiant que tout est sous contrôle. Il est pas doué pour les adieux non plus de toute façon. La rune de Pollux est vraiment efficace, et en quelques secondes les blessures sont réparées. Comme si rien ne s’était passé. Sauf que Varsovie n’est plus vide maintenant. Amitié, colère, peur, détermination. Et un peu d’amour aussi, grâce à Odessa et Pollux. Petit coup de coude au slave et regard dirigé vers l’américain. « En tout cas y a un truc pour lequel tu peux pas te plaindre. » Tout le monde avait assisté à la scène d’il y a quelques minutes. « Je suis heureuse pour toi. Pour vous. » C’était pour ça qu’elle allait se battre. Pour que des moments comme ça continuent d’exister.