A tombeau ouvert ⎮Samedi, cellule 2

Coupable à défaut de prouver l'innocence. Elle s'y attendait, elle s'était préparée sans trop de mal à son séjour en prison. L'enfermement, la privation d'intimité, le minimum vital, tout ça elle connaissait déjà, une broutille, c'était infiniment supportable, ce qui l'était moins, c'était d'être séparée de Mambo.
A peine arrivée aux cellules qu'on l'arrache à sa reine. "Pourquoi ?" qu'elle demande, la voix qui chavire, l'émotion à fleur de peau, sa main qui refuse de la lâcher. On ne prend même pas la peine de lui répondre, elle n'a droit qu'à un regard méprisant alors qu'elle est emmenée loin d'elle et poussée sans ménagement dans sa cellule. Elle la voit encore mais elle ne l'entend pas, l'expression si proche et pourtant si loin n'avait jamais été aussi à propos.
Elle ne savait pas si Mambo été responsable de quoi que ce soit, elle ne pensait pas, elle ne l'espérait pas en tout cas. Mais les séparer, c'était cruel, ils savaient ce qui les liaient, ils l'avaient lu dans leur esprit. Monstre.

Un sanglot dans son dos, Rumba. Panique en étendard, elle croise son regard, elle n'y voit que de la haine. "Qu'est ce que tu as fait Tango" qu'elle lui crache au visage.
Merveilleux, à peine enfermée et déjà le pugilat commence.

Elle aurait pu prévoir ça. Elle aurait dû même. Mais Tango elle a tendance à oublier que tout le monde n'est pas au courant qu'elle est innocente. Parce qu'elle en a pas parlé, elle a pas essayé d'expliquer, elle a juste attendu. Que les légilimens fassent leur travail, qu'elle soit innocenté, qu'elle retourne à l'air libre avec sa douce Mambo. Sauf que le temps que ça arrive il y avait la case prison et qui disait prison disait camarades de cellule en l'occurence Capoeira.

Capoeira et ses nerfs à vifs.

Ca fait mal. La violence du coup lui fait tourner la tête et le corps suit la même trajectoire, seule la vitre derrière elle lui épargne une chute en piquet. Son dos cogne la paroi et sa main se porte sur sa joue. Elle ouvre et ferme sa mâchoire, ça n'a pas l'air cassé. Elle redresse la tête, yeux figé dans ceux de son homologue, se relève. C'est qu'elle a connu pire qu'on coup de poing Tango, il lui en faut plus pour la mettre k.o

"Je suis innocente Cap ! Je ne sais pas qui a empoisonné les verres. Et réfléchit, pourquoi j'aurais bu mon propre poison ?"

Elle ne s'approche pas, ne tente aucun contact, actuellement Capoeira est en colère et merlin sait qu'elle a déjà eu l'occasion de la voir dans cet état là par le passé. Lorsqu'elle est dans un état de tension pareil il ne fallait mieux pas tenter le diable. C'était un drame, beaucoup en étaient sortit blessés, d'autres morts, alors elle se trouvait un bouc-émissaire.

Aie.

Elle a même pas le temps de réagir, pas le temps de comprendre que Capoeira revient à la charge. Sa tête rencontre la vitre avec la ferveur d'une vague qui claque contre un rocher. Sauf qu'à la place de l'eau y'a son sang et des étoiles plein la tête. Elle est assomée, groguie l'espace d'un instant, juste avant que son pincement derrière la tête ne la réveille.

Ca a un gout de déjà vu des entrainements qu'elles ont vécus, sauf que là elle retient pas ses coups la lionne, et elle, elle a pas apprit grand chose visiblement, parce qu'encaisser, elle savait déjà le faire avant. Elle bénit quand même un instant la génétique humaine que la tête soit sacrément solide, même si il faudra quand même sans doute y jeter un coup de baguette au risque d'une hémorragie interne.

Un changement de tactique s'impose. Puisqu'elle ne veut pas entendre les simples déclaration d'innocence autant utiliser quelque chose de plus concret, c'est qu'elles se connaissent bien à force d'avoir côtoyé le même dortoir.

"Tu sais à quel point je suis douée en potion, tu sais à quel point je suis douée pour ce genre de choses. Si j'avais voulu empoisonner l'Astronef, vous seriez tous morts. Tout ceux qui ont bu, tout ceux qui les auraient touchés."

Y'en avait déjà eu pas mal des accidents chez les Castel, elle comptait plus le nombre de fois ou elle avait fait évacuer les lieux parce que ses ingrédients s'étaient fait la mal et qu'il fallait désintoxiquer l'air.

"Et si tu crois pas mes mots regarde moi, regarde moi droit dans les yeux et dit moi que tu penses que je ment quand je te dis que jamais je n'aurais pris le risque de tuer Mambo en la laissant boire le poison."

Le débit bien que conséquent est laborieux, et elle a les yeux qui s'embrume un peu par moment Tango.

Elle est impuissante, pour la première fois depuis très longtemps elle contrôle rien. Pas que ce soit une amoureuse de la chose en règle générale, elle a tendance à se laisser porter la louve, elle papillonne au grès de ses envies, mais là, ça, elle en a pas envie.

Adossée conte la vitre parce qu'elle a pas la force de tenir debout toute seule, elle observe Capoeira armer son coup, encre sur les phalanges. Dragao Tatouado. Elle est morte. Un coup dépourvu de magie elle peut encaisser mais ça ? Elle va lui fracasser les os, éclat directement planté dans le cerveau.

Elle veut pas mourir Tango mais qu'est ce qu'elle peut faire ? Si elle essaie d'esquiver ce sera pire et parler, ça change rien, elle écoute pas Capoeira.

Et puis, Doras. Intervention qui frôle le divin, elle l'avait oublié tient. Mais le geste est retenu, un instant, quelques secondes à peine suffisamment pour qu'elle voit l'encre disparaitre de l'arme humaine pointée sur elle. Elle a renoncé à la tuer mais pas à la frapper. Il faut savoir de réjouir des petits plaisirs de la vie. Non ?

Boum. Sa race, elle douille. Elle peut déjà sentir le bleu noir charbon qu'elle va arborer dans quelques secondes de sa tempe à sa pommette, oeil épargné par miracle et elle sent que ça pique, larme pourpre qui coule, plaie sur la joue. La tête de la louve vire sur le côté, si y'avait pas la vitre, c'était torticolis assuré.
Elle se laisse glisser au sol, essoufflée lorsque Capoeira s'éloigne enfin d'elle. Touche sa joue, observe l'air absent le sang qui s'est posé sur ses doigts, et elle ferme les yeux, parce que sa tête lui tourne affreusement et qu'elle sent qu'elle va tourner de l'oeil si elle se met pas sur pause, là tout de suite.

Rumba murmure un "bien fait connasse" entre la rage et la satisfaction mais au moins elle vient pas finir le travail. Super cohabitation. A croire que Vivianne elle a pensé à tout en les mettants pas dans des cellules séparées, à croire qu'elle voulait que les élèves s'occupent de son sol boulot. Bonne ambiance au sein de la rébellion.