Le Club Goûter ne ferme jamais (Varsovie)

Varsovie passe la confiture à son amie, qui vient l’étaler sur leurs bouts de brioche. La blonde jette un regard suspicieux autour, après tout faudrait pas que quelqu’un vienne interrompre leur petit goûter. « J’préfère quand même la confiture d’orange. Celle-là elle est trop acide. » Mais c’est quand même bon, sachant qu’elles sont enfermées et qu’elles pourraient être en train de mourir de faim.



« C’est vrai qu’on est bien ici, on n’a pas du tout l’impression d’être dans une souricière… Il manquerait juste… Oh bah voilà, il manque juste Odessa ! » Et leur pote slave qui se ramène. A coup sûr il a été attiré par l’odeur de la brioche. Varsovie lui sourit, parce que c’est un vrai. A la demande de Minsk, elle coupe encore de la brioche. Un morceau chacun. A ce rythme-là, ils vont peut-être pas faire tenir les réserves de nourriture pendant une semaine... Mais bon, avec un peu de chance ou pas, ils n'auront pas besoin de tenir aussi longtemps enfermés ici. « Bon, et toi, t’as quoi avec toi ? »

Varsovie esquisse une moue de dégoût quand le slave sort son paquet de clopes. La fumée dans un endroit confiné, elle déteste ça. Elle a déjà les poumons assez abimés à cause du tabagisme passif pour en rajouter plus. Mais bon, ça fait plaisir à Minsk, alors elle dit rien. Puis Odessa a aussi ramené des chocogrenouilles, alors ça va. Varsovie ouvre la sienne avec plaisir, croque comme d’habitude la tête en premier avant de ne faire qu’une bouchée du reste. Puis elle attrape la carte – encore un mangemort. Elle occupe donc ses mains à la déchirer méticuleusement en tous petits bouts. Ça a sur elle le même effet que la cigarette sur Minsk.



Mais comme le souligne la brune, c’est vrai qu’il commence à faire soif. Le sourire de la slave s’agrandit avec la bouteille de vodka et les verres à shot. C’est vraiment la reine de la débrouille Minsk. Elle verse la liqueur transparente dans les verres improvisés avec une main de maître. Des années d’expérience, ça se voit. Ils trinquent à la mémoire de Stravinsky. C’est presque comme s’ils regrettaient qu’elle soit morte. Au moins, quand ils avaient leur rune, ils savaient à quoi s’attendre. Une mort par combustion à une date précise, c’était sympa de les prévenir.



Le premier verre descend presque trop rapidement. Ça fait du bien cette sensation de chaleur, c’est quasiment rassurant. Ça rappelle le pays, où pour le coup c’était quand même presque plus sympa qu’ici. Minsk défie Odessa en concours de shot, Varsovie s’insurge. « HÉ ! » Son coude tape dans les côtes de son amie, mais doucement pour pas réveiller les douleurs de la veille. « D’où ça m’exclue du concours de shot ? Fausse pote. » Elle attend pas que Minsk la resserve, parce qu’apparemment on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. Mais bon, elle remplit quand même tous les verres. « Odin, dva, tri ! » Clin d’œil à Odessa, la différence est minime avec la langue russe. Deuxième verre, qui réchauffe comme le premier. Mais un par un, comme ça, c’est pas assez. « Si on veut que ce soit vraiment marrant, il nous faut plus de verres. Et le dernier qui finit a perdu. » Ils sont tous les trois bien entraînés à ce jeu, il va y avoir de la compétition, du sang, des larmes. Ou pas, mais au moins ils allaient penser à autre chose pendant un petit moment.