Grève de sommeil (Vicaire)

Là, c'est pour toi l'étrange Noël de Monsieur Jack Daniel's. Et pis c'est pas toi qui ne marche pas droit, c'est le monde qui va de travers. Depuis que t'as laissé Cha, t'as continué à picoler, à court de polia, t'as tizé du Clan. Tu n'avances pas vite, mais tu es debout, et ça c'est un truc qui ne s'oublie pas. Des traîtres. Des explosions. Rien que d'y penser... ça te fait réfléchir. Tu traques les mangemorts, sans en trouver, alors que tu es en état d'avoir les meilleures idées du monde. Toujours ambidextre, ta baguette tourne entre tes doigts de la main droite, finissant souvent au sol, alors que la bouteille dans la gauche, elle, ne choit jamais. T'aperçois l'étable. Bordel l'étable, pourquoi elle a pas cramée elle ? Y'a pas de raisons que tout le reste ai cramé... mais pas l'étable. Tu sais pas trop si tu veux protéger se bâtiment ou le détruire, si tu l'aimes ou tu le détestes. Tu te dis que tu vas aller y pisser. Comme ça tu l'insultes, mais tu la sauves du brasier potentiel à venir, et ça, c'est plutôt cool de ta part. Tu penses à la médaille qu'ils devraient te décerner. Une putain de grosse médaille avec du chocolat dedans. Du putain de chocolat belge.

Ah tiens. Bon, semblerait que y'a quelqu'un. Tu mets ta baguette sur tes lèvres, l'heure est à l'infiltration. Un pas. Deux pas. Trois pas. Vu ton état d'ivresse t'es aussi discret qu'un Pokémon légendaire. Semblerait que ce soit une go. Enfin une gonzesse quoi. Une paire de nichons. En s'approchant, les cheveux te disent quelque chose. Tu souris, tout content, tu rabaisses ta baguette. Un pas, un peu plus lourd, tu trébuches presque.

"Hey Mi........"

Elle te décoche un crochet du droit mais de loin t'as l'impression. Tout s'embrouille et ton corps file en direction du sol, comme si tu t'étais pris une IEM, mais aux dernières nouvelles, tu n'es pas un robot. Tu sens juste que dans ta main, la bouteille est épargnée de l'impact. Tu ne bite plus rien. Comme si t'étais défoncé, tu ne bouges pas. Tu ne te rends même pas compte du bruit que provoque le fusil de sniper qui tire. La balle de gros calibre qui vient éffleurer le bras de Minsk, ouvrant une ligne rouge le long de son biceps, pourrissant ce qui reste de la manche de son haut. Tu ne t'en rends pas compte, mais t'es pas un si mauvais duelliste que ça en fait, et tes techniques de contre-attaque sont au top. Mais là, tu ne bouges plus, et la détonation sourde n'est pas réitérée. Un simple tir de sommation, venant du toit du vestiaire de Quidditch...  

Humiliation. Vic, tu te sens humilié. Et moi aussi à vrai dire. Tu prends sur toi, te force à remuer malgré la stupefixion. Lentement, tu tapes deux fois le sol du plat de la main, comme un catcheur se rendant à l'évidence de son échec. Et tu souris un petit peu. vingt-cinq ans. Vingt-cinq ans sans que personne ne nous voie tout les deux au même endroit. Et voilà que celle qui avait piégé nos cœurs arrivait aussi à nous défaire en quelques secondes. Le sortilège semble diminuer, peut-être de l'effet de la Slave. Je lâche mon arme et je tente de ramper pour m'adosser à un mur. La fin d'une époque hein. Ta respiration est lourde, compliquée. Tu articules à grand peine :

"P...pardon. J'le couvrais. On... Promis on arrête. T'es.. pas... enfin, rien d'grave hein ? J'visais ta baguette."

Je tends lentement une main vers elle, dans un signe de paix, ou d'apaisement, peut-être aussi pour qu'elle m'aide à me relever.

"Tu t'en ai rendu compte quand ? Et euh... Tu peux retirer le sort sur Vicaire, qu'il reste pas comme un couillon dans l'herbe..."

Enfin, au moins, étendu au sol, t'as réussi à bouger suffisamment le bras pour atteindre le goulot de la bouteille de Jàck. Tu perds rarement le sens des priorités toi....