Become better - ft. Altaïr

Samedi, Semaine 7

Le nez plongé dans un livre de métamorphose avancée tu attendais patiemment Altaïr. Tu avais donné rendez-vous au jeune homme à 500 mètres du stade de Quidditch un samedi matin à la levée du jour. Tu espérais que l'heure et le jour vous éviteraient la présence de potentiels curieux dont tu n'aimais ni les chuchotements ni les rires. Leurs regards te semblaient toujours être des poids bien plus lourds que n'importe quel poids d'entraînement. Et pourtant ça ne t'empêchais pas d'être là à attendre l'américain. Le ciel était orageux et sombre et l'air lourd et chaud. A n'en pas douter, une pluie torrentielle allait finir par s'abattre à un moment ou à un autre. Tu espérais simplement que ça ne serait pas pour tout de suite. Tu avais déjà fait du sport sous la pluie mais tu n'y tenais pas plus que ça. Même si l'eau fraîche après un entraînement ne faisait pas de mal, en particulier quand l'air était aussi chaud sans un seul brin de vent, tu préférais que ce soit celle d'une douche plutôt que celle de la pluie. Car oui, contrairement à tes profs de sport à l'école primaire, tu ne comptais pas simplement regarder Altaïr faire simplement en lui donnant des conseils, tu comptais l'accompagner dans son entraînement. Après tout, le sport à la levée du jour c'était ton rituel, qu'il pleuve qu'il vente ou qu'il neige. Simplement cette fois tu serais accompagné et tu t'adapterais en conséquence.

Beaucoup de choses avaient changées depuis mercredi, le cours de politique de la veille pouvait en témoigner. Pour autant, tu tentais de continuer à maintenir tes rituels quotidiens en place, à ne pas déroger à tes habitudes pour ne pas perdre totalement pied. Ca ne t'empêchais pas d'être prudent et constamment sur tes gardes bien entendu. Tu ne savais pas quoi penser de tout ça. Enfin tu savais quels sentiments bouillonnaient au fond de toi. Colère. Peur. Détermination. Mais tu ne savais que faire des événements qui avaient succédé à l'attaque de Meryt-Neith sur l'étudiante. De multiples voix s'étaient élevées portées par la colère. Le projet Astronef partait dans tous les sens de toute évidence et pourtant... Pourtant tu restais. Tu s’efforçait, d'une manière ou d'une autre, de rester calme et objectif. Objectif et non pas neutre, tu avais tes idées et opinions sur cette affaire mais clairement il te manquait des éléments pour te faire un avis réfléchi et définitif.

Un soupir passa la barrière de tes lèvres tandis que tu laissais aller ta tête contre le tronc derrière toi. Quelle merde. Tu n'arrivais même plus à te concentrer sur ton bouquin. Pourtant Merlin sait combien tu aurais aimé. Te prendre la tête sur des sortilèges de métamorphose était pourtant la distraction rêvée pour essayer de te détacher de tout ça un minimum. Mais même ça, ça ne fonctionnait pas. Finalement, tu entendis des pas s'approchant et tu tournais la tête, apercevant Altaïr s'approchant de l'arbre contre lequel tu étais assis. Tu te redressais souplement et le saluais d'un signe de tête accompagné de quelques mots prononcés dans un anglais sûr malgré l'accent français qui subsistait dans ta voix "-Bonjour Altaïr.". Tu avais pris l'habitude de parler anglais dès que tu sortais du bâtiment central. Enfin lorsque tu n'étais pas avec tes camarades de Beauxbâtons (donc souvent si on excluait Reine du lot). Même si le sort de traduction fonctionnait encore aux alentours, tu trouvais plus pratique de t'exprimer directement dans une langue plus ou moins universelle. Même si cette langue te posait à intervalles réguliers quelques petits soucis. Tu lui adressais un léger sourire infime, hésitant et empreint de gêne, ne sachant pas vraiment quoi faire.

L’aigle se rendait finalement sur le terrain de Quidditch. Ni en avance, ni en retard il était pile dans le temps pour arriver pile à l’heure sur le lieu de rendez-vous. C’est un sorcier aux charmes français que rejoignait Altaïr pour subir un entrainement sportif. Sa condition physique était son point faible et Altaïr le savait. Avec une baguette, il savait se montrer redoutable mais à mains nues, il avait bien plus de chance d’être vaincu que de vaincre. Il appréciait d’autant plus de s’entrainer aux côtés du français, dont le jeune homme appréciait la compagnie et qu’il aimerait pouvoir découvrir un peu plus. Grave était de ceux que l’on jugeait trop vite en se basant sur les apparences. Altaïr lui-même était victime de ce même jugement quand on le voyait comme quelqu’un d’ennuyeux alors qu’il était le premier à vouloir s’amuser quand on le connaissait un tant soit peu. Grave lui était vu comme une personne hautaine et élitiste alors qu’il ne demandait qu’à connaitre et à être connu. Ils étaient tout deux parvenus à voir au-delà des apparences de l’autre et cette nouvelle amitié se consolidait sur de bonnes bases.

Il était motivé et prêt à en découdre afin de nourrir son corps d’entrainements dont il avait bien besoin. Cette séance allait en plus avoir le mérite de lui changer les idées et de penser à autre choses que les événements de mercredis, lui triturant l’esprit encore plus depuis la veille avec le cours de Politique ou chacun avait exprimé à sa façon tous les doutes qu’ils ressentaient quant au projet de l’Astronef. Altaïr pourtant ne comptait pas abandonner. Les premières discussions quant à des possibles départs se faisaient entendre au sein du dortoir mais Altaïr savait qu’il n’était pas prêt à abandonner. Il se demandait sincèrement si le projet allait aboutir mais il n’abandonnerait pas. Tout au pire, il aurait gagné de nombreux enseignements.

Un sourire discret se lisait sur le visage de l’aigle lorsqu’il apercevait Grave assis contre un arbre un livre à la main. Il espérait ne pas l’avoir trop fait attendre, s’il avait su que son camarade d’entrainement serait en avance, il en aurait fait de même. Mais il était trop tard pour changer les choses. L’américain saluait son camarade d’un signe de tête. « Bonjour Grave ! » Altaïr avait noté cet accent français dans le son de sa voix signifiant qu’il avait parlé anglais, et qu’il n’avait pas usé du sortilège de traduction. Et il avait toujours trouvé cet accent parfois drôle pour les novices, adorable pour ceux proches du bilingue. Un peu comme lui s’il essayait de baragouiner quelques mots de français. « On commence par quoi ? » Il était ainsi Altaïr, tel un aigle fondant sur sa proie il entrait directement dans le vif du sujet. Il comptait bien suivre chaque exercice sans se plaindre et faire des efforts quotidiens pour que son corps devienne une arme et non une faiblesse.