How to distinguish blond girls (Ljubljana)

Semaine 1, samedi après-midi

Paumée. Trop de cours, trop de gens, trop de nouveauté, trop d'anglais partout. Minsk, elle n'est pas totalement bilingue de base, alors ça la fatigue de se forcer à parler anglais, à lire anglais, à entendre anglais toute la journée. Parce que sur ce point là, elle veut progresser et vite. Avec que le russe ou presque, on ne va pas loin dans la vie, à part en Russie (qui est quand même un grand pays). D'ailleurs, elle a plus que l'impression qu'ils sont loin d'être tous russes dans la délégation Durmstrang. Ce qui est logique parce que sinon elle se serait appelée Koldovstoretz et donc, en fait, c'est les vrais russes les intrus de la délégation. Compliqué. Presque plus que le livre qu'elle fait semblant de lire depuis une heure déjà, vautrée sur son lit. La faute du bouquin ça, si elle préfère contempler le plafond en mâchonnant des chocogrenouilles plutôt que de s'user les yeux sur de l'alphabet latin.

Porte du dortoir qui s'ouvre, Minsk n'est désormais plus seule. Son regard passe du plafond à la nouvelle venue. La blonde. Laquelle ? Pfff, ça aussi c'est compliqué, de retenir les prénoms alors qu'ils ne se connaissent pas encore trop. Puis quelle idée d'avoir la même gueule aussi : blondes, yeux bleues, toujours plus loin dans le cliché de nanas de l'Europe de l'Est. Un moment, Minsk avait cru réussir à les distinguer : Varsovie, lit de gauche, Ljubljana (aka la terreur des dyslexiques) lit de droite. Mais non, ça a changé. Une ou deux fois même. Du coup ça a définitivement perdu Minsk qui se contente de dire "Salut" afin de ne pas trop se mouiller. Livre posé sur la table de chevet encombrée de paquets de chocogrenouilles vides, la slave se redresse, passe de vautrée à en tailleur, sourit à elle ne sait quelle ville, plonge ses yeux dans les siens et son esprit suit. Bah quoi ? Faut bien régler la question du qui est qui, non ? Et la légilimancie s'y prête tout à fait.