GLORY AND GORE (alcyone)

Royaume étoilé a perdu de sa sérénité. Corps frémit sans plus s'arrêter dans la lumière artificielle, dans le dortoir où seule résonne sa respiration. Irrégulière. Les américains dînent ou étudient pour les plus zélés, délaissant leur fief le temps d'une soirée. Souverain couronné n'a pas suivi la marche, s'est étalé sur son lit après avoir quitté l'infirmerie. Fixant le plafond il écoute sa respiration affolée, guette le silence. Chaque craquement le fait sursauter. Illusion de sécurité l'a quitté en même temps que Durmstrang. Ridicule, quand on sait avec quel entrain il défend d'ordinaire la rivalité centenaire entre les cultures et les continents.

Pas dans le couloir. Il se redresse brusque. On toque à la porte. Les monstres ne toquent pas à la porte. Du moins ceux qui ne sont humains. Certaines vipères ondulent sur deux jambes, assènent le venin d'un sourire ou d'une étreinte. C'est Che Guevara qui pointe le bout de son museau, dame des animaux équins et non reine des serpents. Maîtresse des créatures magiques. Il y a pensé un instant avant de chasser l'idée. Sourcils se haussent finement. Les professeurs étrangers ne s'aventurent pas dans les locaux d'Ilvermorny. Peut-être craignent-ils la matriarche décharnée, l'animagus sanguinaire qui rôde toujours près, veille la portée comme sa véritable progéniture. Qui tempêtera sans doute furieuse en apprenant le funeste sort de son petit.

« Oh, Alcyone, je te cherchais. Comment vas-tu ? J'ai appris ce qui t'était arrivé... C'est révoltant. » Haussement bref des épaules. Il ne veut pas en parler. Il ne voulait pas en parler plus tôt à la directrice des nobliaux, il l'a pourtant annoncé. Alors une inconnue, si charmante soit-elle. L'azur embrasse la silhouette féminine sans s'en cacher. Comme pour la jauger, déterminer si elle mérite un peu de sa divine attention. Sourire s'esquisse appréciateur après l'inquisition.

« Je ne comprends pas comment Vivianne peut laisser tout ça se passer... Pire, comment elle peut nous abandonner à un moment si charnière. » ... Qui disparaît aussitôt. Mâchoire se serre à la mention de la directrice éthérée. Frustration, rage s'accumulent depuis deux semaines, trop vives pour qu'il puisse tout à fait les dissimuler. Depuis l'isolement de Beryl. Le départ de Beryl, laissant vide insipide sur l'Astronef. Les morts, les accusations qui pleuvent, le tournoi, l'attaque. Il la hait pour ses méthodes, pour les traîtres et les couleuvres qu'elle a recrutées. Les précieuses existences - sa précieuse existence, gratuitement exposée. Pourtant il ne pipe mot, roi des masques prend la température avant de se confier.

« Tu permets qu'on aille discuter un peu dehors, toi et moi ? J'aimerais te parler de quelque chose d'important. » Tête dorée se penche de côté, un instant avant qu'il ne se relève prestement. La belle interloque, la belle perce curiosité. « Bien sûr. Mais pas trop loin.. Vite, mensonge pour couvrir l'affliction. J'attends Sirius et Pollux, on doit travailler nos runes. » Il attend surtout de se blottir dans les bras de plus grand pour chasser, un instant, la terreur insidieuse.

Adonis emboîte le pas à la commandante, la suit prudemment jusqu'à l'extérieur. Lâche à mi-voix, indignation pointant sous le murmure. « Je pense que Vivianne a commis beaucoup d'erreurs. » Pour caresser, montrer à la meneuse qu'il peut être du même camp, du même avis. Que s'il se plie aux règles, déifie l'autorité il ne se leurre guère sur la valeur de leur dame phénix. Murmures sapent l'effigie embrasée dans toutes les ombres.

Il croise ensuite les bras, esquisse sourire poli et un brin désolé lorsqu'elle s'arrête de marcher. « C'est à propos de votre cours que j'ai manqué ? Je suis désolé, c'était un peu trop.. Pratique, pour moi. » Douceur cajole sous l'inflexion navrée. L'océan pétille, le charme souverain se met en branle avec naturel insouciant.

Les sourcils se froncent au fil du discours, sourire se tord peu à peu douloureux. Elle pourrait passer sur le sujet, cette femme tout juste débarquée au milieu de la débâcle, comprendre que c’est trop tôt. Trop vif, trop brouillé. Qu’il est des mots que ses lèvres ne formeront jamais. Qu’elle ne croira de toute manière pas. Comment expliquer. Elle veut protéger pourtant qu’elle clame et l’enfant roi veut la croire. Qui de mieux placé pour trouver bête et la terrasser. Durmstrang a promis que l’animal ne serait pas une menace bien longtemps et la dame des créatures pourrait peut-être aider. Il hésite. Mine sombre a remplacé le poli, le lisse qui veut toujours plaire. « Je ne pense pas qu’on soit nombreux à être menacés. Enfin, pas par ça. » Ombres grondent dans tous les recoins, chaque âme doit trouver son propre danger qui guette. Professeurs détraqués et fanatiques dissimulés. Monstre dans les profondeurs. On attaque les couleurs soleil, les progénitures pas tout à fait sorcières ou fantastiques. Multiples forces en présence s’acharnent à éliminer les gouttes d’impur.

« Vous n’avez qu’à demander à Skopje si vous y tenez. Surnom glisse sur la langue maintenant habituée comme un bonbon. Épaules se haussent vaguement. Il a vu plus que moi de toute façon. » Il s’en voudrait presque d’agiter le garçon comme fanion écarlate pour détourner l’attention. Mais slave aura plus à raconter si elle se décide à l’écouter. Sa voix chantera sans mal les menaces, l’injure qui ne l’ont visé, heurté avec une violence insoupçonnée. Certaines du moins. Azur se dérobe.