Le volatil arc en ciel s'envole à peine qu'il se précipite vers le dortoir, fourrage dans la table de nuit pour en sortir le loup velu. Le loup tout doux. Sourire s'esquisse mesquin, plaisanterie cherche à chasser l'angoisse amenée depuis que l'oiseau a parlé. Son ami à l'infirmerie. Frisson dans l'échine. No. Way. Frère a pu se blesser n'importe comment. Esprit refuse d'envisager ce qu'il imagine pourtant déjà. Pas ne se font pas prier, étoile dont la lueur s'étiole avec les jours trottine jusqu'au bâtiment principal. Talons claquent affolés jusqu'à la salle de toutes les terreurs. Témoin de toutes les horreurs. Tant pis pour la dignité, tant pis pour l'air placide qu'il se force à affecter. Olympe s'arrête sur le seuil, prend le temps de replacer les mèches dorées, arranger un peu la figure pour paraître tranquille.
Rapport de l'oiseau chanteur a même chassé pour un temps le trouble d'annonce plus terrible encore. Poudlard trouvé dans la forêt. Corps sans vie, âme arrachée des membres décharnés. Frisson a pris, frissons n'arrêtent plus ces derniers temps. Importe, l'instant est au vivant. Au malmené. Souverain discret se glisse dans la salle des soins, avance tête haute vers le lit de Pollux. Ne montre rien de l'inquiétude qui ronge l'intestin. Coup d’œil inquisiteur le trouve plongé dans les tracés nordiques, comme toujours. Livre prestement rangé, moquerie devancée. Sourire s'esquisse, terriblement faux mais admirablement vraisemblable. Azur glisse sur la silhouette qu'il connaît par cœur, les traits qu'il pourrait dessiner les yeux fermés. Fatigue placardée sur les traits, habitude, un peu plus dure cette fois. « C’est Cardinal qui t’a prévenu que j’étais là ? Je lui ai dit qu’on était amis, il a dû se dire que tu voudrais savoir où j’étais. »
« Ouais. Et je m'suis dit que j'avais du te manquer cette nuit, alors je t'ai pris ça. » Prince découronné opine brièvement, lançant délicatement la peluche sur le lit, feignant toujours sourire. Lui n'a pas dormi. Pas une minute, seul dans son lit, seul dans l'obscurité. Ressassait à l'infini. Ne pouvant plus compter sur des bras rassurants pour chasser les songes écarlates, les images insensées. Il tire une chaise pour s'asseoir au chevet de son ami, n'osant grimper sur le matelas sans connaître le détail des meurtrissures. Sans inquiéter ses yeux perçants, il faut savoir s'il a saigné, s'il a hurlé. Si des griffes acérées ont lacéré ses chairs et des mots plus tranchants encore déchiré son âme. Palpitant se serre, s'accélère, or commence à brûler.
« Qu'est-ce que t'as foutu ? » Accusation perce sous l'inflexion sérieuse et commandante. Peut-être que s'il prétend assez que l'étoile est responsable de ses fêlures, qu'elle s'est fracassée bêtement ce sera le cas. Il annoncera qu'il a chuté de balai, s'est pris un mauvais sort lors d'un duel, a trop piqué un professeur même. Anything.
Dim 14 Avr - 16:58
Pollux
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Mer 17 Avr - 4:52
Alcyone
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« Merci, c’est gentil. Il me tiendra compagnie jusqu’à ce que je sorte. Je sors dimanche soir, je crois. Ça va aller, pour toi ? Tu devrais peut-être profiter d’être ici pour récupérer des potions de sommeil. » L’or secoue vivement à la question, sourire toujours fin placardé sur les traits. Il enfouit un peu plus loin, un peu plus profond l’horreur née de cette simple idée. Sommeil magique qu’il conseillait sans honte un peu plus tôt, sommeil profond que rien ne saurait percer. Il aime mieux torturer l’esprit toute la nuit. Il aime mieux crever de peur et de fatigue que manquer sa chance de s’éveiller. Visage opale ne rougit pas que l’ami mentionne les terreurs, la faiblesse à mots si légers. A peine voilés. Il les chasse d’un rire chaud, mesuré, délicat. Parfait, mince éclat rappel teint des manières divines. Trop présentes ces derniers temps. Dans tous les gestes qu’elles rendent fébriles, toutes les expressions qu’elles font fragiles, nymphe gracile plutôt qu’étoile divine. La belle assurance se fissure. Instinct primaire de survie où la proie bat des cils espère attendrir le prédateur, dévoile ses frayeurs pour pousser ses héros à la protéger.
« Disons que je me suis attaqué à trop gros pour moi… Ou plutôt, trop gros pour moi m’a attaqué. Finalement, tu avais peut-être raison, lundi. Se battre quand on n’a pas dormi depuis trois jours, c’est un vrai souci. » Sérieux se peint soudain. Il va jusqu’à mordiller le bord de la lèvre en dévisageant le blessé, vulnérable et nerveux. Il hésite. Ça se devine aux doigts qui s’agitent sur le bois de sa chaise, au souffle qui s’accélère d’un rien. Doute. Craint ou remercie. Frère n’aurait jamais du être blessé, menace devient tangible, sort des ombres et des songes pour s’afficher au grand air. Colère voudrait pointer. Soulagement prime, pourtant. Des liens qui se resserrent plus s’ils le peuvent, des cauchemars bientôt partagés. Linceul écarlate pourrait planer au-dessus de leurs deux épaules maintenant. Fini d’être seul dans l’obscurité.
Rideau tombe un instant. Azur se repose ensuite brillant, suppliant. La voix brûle la gorge lorsqu’elle s’envole trop vive. « Qui est-ce qu.. Non. Qu’est-ce qui t’a attaqué ? » Elle se pare de douceur. Jeune tyran s’est tout à fait effacé, ne présente plus que mine soucieuse et impliquée d’une fille de roi visitant un chevalier fracassé. Sait déjà mais il faut confesser, il faut que l’autre pose ses mots assurés sur l’indéfinissable. Tout paraît plus certain dans sa bouche savante, les rêveries les plus fantastiques deviennent banales et même logiques. Il se penche un peu plus vers son ami le plus proche, visage affiche concerné.
« Raconte-moi, tu sais que tu peux. » Murmure caresse, murmure cajole pour rassurer. Il doit se confier. Curiosité que mène la peur et une touche de morbide. Dis que c’était gris et monstrueux, dis que tu es terrifié. Dis que tu n’as rien pu faire et que tu t’es senti faible comme jamais. Qu’on t’a déchiré, éventré, arraché même une partie de ton être. Dis que tu as hurlé à briser ta voix, toi, s’il te plaît, dis que tu as baigné dans ton sang si longtemps que tu as bien cru t’y noyer. Que tu t’es battu mais pas assez, que tu ne peux plus rester seul dans l’obscurité. Eden glisse sur les doigts de l’étoile, avance à peine un geste pour s’en emparer qu’il se fige. Il n’a pas besoin de ce genre de proximité. Ils n’échangeaient pas cette tendresse avant que l’île n’ait raison des défenses du premier, le projette à genoux suppliant pour un toucher et des souffles doux.