rouge festin rouge chair

Monstre ondule dans les ténèbres. Inonde les songes d'ordinaire placides, les rêves délices qui bercent l’inconscience tranquille. Cauchemars rejouent la nuit en une multitude de versions qui se mélangent à l'infini. Lambeaux de mémoire s'écharpent sanglant délire. Corps s'agite lorsque douleur perce la brume. Concrète ou tour de l'esprit transi, il ne sait s'il a mal ou si les chairs ne font que se souvenir. Épaule, dos, côtes ne surprennent guère. Les doigts glissent pour tâter alors que les paupières restent fermées, squelette injurié ne fait que piquer faiblement pour ne pas être oublié. Carne meurtrie s'invite au bal de l'affliction. Cheville déchiquetée, jambe et ventre lacérés. Déchirés, comme dévorés par une bête affamée. Toucher vient s'en assurer. Rien. La peau fragile est presque lisse, minces sillons doucereux qu'il peut sentir pour seule preuve. Il se demande presque si l'or a seulement coulé. Pourtant supplice est présent, brûle dans les membres magiquement préservés.

Azur s'ouvre impuissant. Incompréhension brille dans le bleu ridiculement vif. Esprit n'est d'abord pas certain d'où il se trouve, de ce qu'il fait de retour dans la pièce aseptisée, voudrait continuer à flotter. Idées grossièrement emmêlées. Astre fêlure se redresse sur un coude pour embrasser la salle qu'il n'aurait cru, du retrouver si tôt. Cherche une indication tandis que la glaciale injure s'insinue et résonne dans le crâne. Frisson prend tout le corps. Deux mots qu'il n'oserait imaginer, jamais prononcer. Qui plantent épine jusque dans la moelle, logent terreur dans les artères. Cœur se serre quand le ciel saisit les boucles à son chevet, reflets d'ambre mordorée. Présence fait douloureux sens. Jette lueur écarlate sur la scène qui échappe. Skopje ne devrait être là, encore moins éveillé alors que soleil darde à peine ses rayons paresseux. Assoupis, tourmentés par ce que la jumelle pâle a emporté.