моя заводила - Moy Zavodila (Minsk)

Spoiler:

Longue semaine, cours difficiles, pas beaucoup de temps libre. Varsovie n’est pas habituée à ce rythme si intense qu’il faut recommencer chaque semaine. Elle qui a passé une grande partie de sa vie d’avant à s’ennuyer se trouve un peu submergée par toute cette effervescence, par toutes ces informations à ingurgiter, par toutes ces rencontres. Elle a besoin de souffler et de revenir à des choses simples et basiques. Manger. Discuter. Faire des potions. Etonnamment, cette dernière activité la détend comme peu de choses peuvent le faire. Elle aime préparer les ingrédients, les sentir dans ses doigts, puis les jeter dans le chaudron bouillonnant. Et puis elle respire les fumées colorées qui s’en échappent, parfois douces, parfois amères, parfois enivrantes. Il y a parfois eu quelques accidents, comme le jour où elle est restée figée plusieurs heures à cause d’une vapeur immobilisante. Mais bon, on ne peut pas faire de grandes découvertes sans prendre quelques risques, après tout…

Varsovie est donc devant son chaudron, avec plein de petites fioles en verre teinté éparpillées autour d’elle. Elle feuillette distraitement les pages du livre de potions de son père, à la recherche d’une recette à suivre. Mais elle n’arrive pas à se concentrer correctement, parce que son taux de sucre dans le sang n’est pas assez élevé. Un coup d’œil à sa montre lui indique que Minsk ne devrait pas tarder à arriver. Si la blonde est chargée de prendre le nécessaire à potions, la brune se charge quant à elle de sa spécialité : un goûter. Qui se fait attendre, donc. Mais bon, Mimi se ferait facilement pardonner si elle apportait avec elle des pâtes de fruits, qui étaient les pêchés mignon de Varsovie. Puisque de toute façon, il est bien trop tôt pour de la vodka. C’est plutôt l’heure du thé, mais avec de la cannelle. Avec une petite tranche de pain d’épices. Et pourquoi pas quelques pashkas… Varsovie laisse ses souvenirs dériver vers les pâtisseries slaves, fermant les yeux pour mieux s’imaginer les reflets du miel et le moelleux des gâteaux… Elle a presque l’impression de les sentir, comme s’ils étaient juste sous son nez.

Peut-être parce qu’ils sont juste sous son nez. « Aaaah Minsk, tu arrives juste à temps. Vite, une pâte de fruits ou je décède ! » La slave balance théâtralement sa tête en arrière, main sur la tempe, attendant que la brune lui permette de remonter son taux de glycémie. « Personne t’a suivi ? » Pas que les deux jeunes filles étaient asociales, mais plutôt qu’elles ne voulaient partager leur goûter pour rien au monde. Sauf peut-être avec Odessa, mais cet après-midi c’était réunion entre filles. « Bon j’sais pas quoi faire comme potions. Y a trop de pages dans ce livre et mon cerveau est tellement rempli que je suis incapable de faire un choix. Sinon on bidouille un truc au hasard. » La blonde pose quand même le livre dans les mains de son amie, au cas où cette dernière ait une envie particulière de réalisation de potions.

Elle croque dans la pâte de fruit, et le sucre se répand dans sa bouche. Abricot, ses préférées. Ces petites douceurs lui rappellent des souvenirs d’enfance, comme si à chaque bouchée elle ouvrait une boîte à souvenir. « Tu m’as sauvée d’une bien terrible mort ! » La slave avise la théière qui précède Minsk, et tends sa tasse pour que son amie la serve. Elle aime ressentir la chaleur se diffuser de l’eau à la tasse, de la tasse à ses doigts, de ses doigts à l’ensemble de ses mains. « La plus douée des ninjas en ce qui concerne la confection de goûter en tout cas ! » dit la blonde en contemplant les trésors gustatifs rapportés par Minsk. Mais avant que son amie n’ait pu engloutir la moindre pâtisserie, Varsovie lui flanque le grimoire dans les mains. Une tentative de page au hasard. Potion de repousse escargot-de-glace. Son père avait vraiment de drôles de potions dans son grimoire. Deuxième essai pas plus concluant avec une potion nommée « Eau du chat noir » sans autre information sur son effet. Varsovie avait dû la tester il y a bien longtemps, et si elle n’avait pas ajouté de note sur la page c’était probablement que l’effet lui était resté inconnu.

« D’accord pour commencer par le goûter, de toute façon c’est le plus important. » Elle dit ça sur un ton sérieux, avant d’enfourner un gâteau dégoulinant de miel dans sa bouche. Ce doux miel, qu’on retrouve surtout en Europe du Sud, à la limite de l’Asie. Varsovie se rappelle avoir goûté une fois des baklavas, et ce mélange de miel et pistache si délicieux qu’ils avaient presque détrônés les pâtes de fruit.

« Ce serait cool si en plus de contrôler l’intensité, on puisse aussi ajouter un jet d’eau. Comme ça, si le feu prend trop d’importance, on peut l’arrêter facilement. Mais je ne sais pas trop comment rendre ça possible… A moins de faire sortir l’eau par le nez, mais ça risque de pas être très agréable… » Son cerveau est déjà en action, réfléchissant au meilleur moyen d’arriver à leur objectif, quand son regard est attiré par une petite boîte brillante. « Oh, des chocogrenouilles ! » La demoiselle attrapa l’une des boîtes et s’empressa de l’ouvrir. La grenouille en chocolat fit un grand bond, jusque dans les cheveux de Minsk. « Nooooon, reviens petite grenouille ! » D’un geste, Varsovie récupéra la fuyarde en faisant attention à ne pas attraper les cheveux de la brune en même temps. « Pas de pitié pour le chocolat ! » Et hop ! Une chocogrenouille en moins. Ce chocolat anglais n’est pas parmi les meilleurs – rien ne vaut le chocolat équatorien, qui a fait son apparition dans les cuisines de l’Astronef avec l’arrivée de la délégation de Castelobruxo. Mais Varsovie aime quand même le petit côté enchanté de la chocogrenouille. En tout cas, ce qu’elle n’aime pas ce sont les cartes à l’intérieur. Un élève anglais lui avait expliqué qu’avant, on trouvait de grands sorciers sur ces cartes. Des noms connus pour beaucoup mondialement, comme Merlin ou Paracelse. Mais maintenant, la plupart des sorciers présents sur les cartes sont connus pour leurs méfaits et leurs crimes. Celle que vient d’obtenir Varsovie est au nom d’Antonin Dolohov. Si elle déchiffre bien, on peut y lire qu’il est responsable de la mort de deux grands sorciers traitres à leur sang, ainsi que de la capture de nombreux nés-moldus. « Eurk… On va la faire cette potion Crache-Flammes, et on va faire un feu de joie avec toutes ces cartes ! » Elle désigne le reste des chocogrenouilles – puisqu’il n’y a aucun doute quant au fait qu’elles vont toutes les manger. Parce que Minsk et Varsovie font partie de ces personnes qui vivent pour manger, et non qui mangent pour vivre.

Elle se rendit compte de l’absurdité de son idée non pas en réfléchissant à ce qu’elle disait, mais en voyant le sourire moqueur s’élargir sur les lèves de Minsk. C’était pour ça qu’elle échafaudait pas les plans, parce que sinon ça finissait toujours en quelque chose d’absolument ridicule quoique potentiellement faisable. Et puis heureusement que son amie était là pour la ramener à la réalité et – surtout – aux chocogrenouilles. « Ça c’est parce qu’on a suffisamment à manger ici. Si j’ai faim dehors et qu’y a pas de pâtes de fruits ou un autre truc mangeable, j’donne pas cher de ta peau, tu sais. » Comme son amie, un large sourire s’étala sur son visage. Même en situation de famine, Varsovie préférerait mourir de faim que de toucher à un seul cheveu de son amie. Et de toute façon, il n’y avait pas à y penser, puisque pour l’instant les chocogrenouilles leur emplissaient plus que largement l’estomac.

Alors que Varsovie ouvrait sa deuxième boîte, Minsk fut prise d’un élan de folie concernant la destruction des cartes pro-Voldemort. L’idée de brûler les cartes réunissait leurs deux passions : les potions bidouillées et manger. « Faut manger toutes les chocogrenouilles alors ! » Et puis la brune l’entraîna dans une danse plutôt absurde pour quiconque venait à la regarder. Croisement entre un rituel vaudou et une danse de la joie, les deux slaves tournaient gaiement autour du chaudron. Varsovie chantonna même une chanson de la victoire, une sorte de baragouinage incompréhensible mais enthousiaste. Elle eut une pensée amusée à l’idée que Belgrade ou Ielets puissent les trouver ainsi.

Après avoir tourné et chanté et dansé autour du chaudron, Varsovie se laissa tomber près des chocogrenouilles. « On devrait en faire un élevage, comme ça on aurait des chocogrenouilles à volonté ! » Les vapeurs des flacons doivent lui monter à la tête, à moins que cela soit l’overdose de sucres rapides. « Ah mais c’est vrai qu’on en a déjà à volonté dans les cuisines. » Elle est bête parfois. Non, pas parfois. Souvent. Alors elle enfourne une grenouille en chocolat dans sa bouche. Puis une autre. A celle d’après, elle commence à caler. « J’vais faire une overdose de chocolat. J’ai pas ta résistance au cacao, c’est trop pour moi. Tiens, j’te laisse les miennes. » Elle fait passer sa dernière bouchée avec un peu de thé et pousse le reste de son tas de chocogrenouilles vers son amie. « Bon, faudrait p’t’être s’y mettre maintenant, non ? Tu préfères préparer les ingrédients ou mélanger ? Ou continuer de manger en me regardant faire, comme d’habitude ? » Elle a son petit sourire innocent, celui qui ferait presque tout passer auprès de n’importe qui. Sauf à Minsk, parce qu’avec elle y a pas de faux-semblants. Y a seulement de la bouffe et des bons moments.